Écritures de soi et regard

► Présentation du cycle
Sabrina Stroppa travaille sur des auteurs majeurs de langue italienne comme Dante, Pétrarque ou encore l’Arioste. Elle étudie également de longue date les écritures religieuses françaises et italiennes de la première modernité. Ses travaux l’ont notamment conduite à aborder le discours mystique chez Giovanni Bona (dont elle est l’éditrice) et le poète François Malaval, “l’aveugle de Marseille”, tous deux contemporains de la querelle autour du “quiétisme”. Elle s'est également intéressée aux autobiographies spirituelles, notamment féminines, des “cloîtrées”, par exemple Maria Maddalena Martinengo (1687-1737). En outre, elle a consacré une partie importante de son activité à des recherches sur la didactique.
Le programme de conférences qu’elle propose à l’occasion de sa venue s’articule autour des diverses formes de l’écriture de soi en prose et en poésie, telles qu’elles se cristallisent notamment autour des thèmes de la vision et du regard. De l’expérience de l’amour humain décrite par Pétrarque et Des Grieux, à celle de l’amor dei que chante Malaval, ce sont ainsi les multiples voies et les diverses voix de l’affect et de la connaissance du cœur humain qui seront explorées.

Participer à la réunion via Zoom  ID de réunion: 944 2318 2361 / Code secret: 788893

► 23 janvier 2025 - matin : 10h-12h salle GA 131 (bât. Gai Savoir)

Conférence pour les Masters de Lettres Modernes MEEF 1 et 2 et tout public universitaire, et causerie à deux voix avec débat : lectures croisées de Manon Lescaut
À l’occasion du programme du CAPES, cette causerie propose d’explorer les intertextes spirituels qui ont pu inspirer le récit de Prévost.

Sabrina Stroppa :  Aux sources du récit de soi : l'autobiographie spirituelle

Au début de Manon Lescaut, le « jeune inconnu » que le narrateur rencontre à Calais accepte de raconter sa vie avec la certitude de susciter chez l'auditeur non seulement la curiosité pour les événements qui lui sont arrivés, mais aussi un jugement sur ses défauts et ses insuffisances : « Je veux vous apprendre non seulement mes malheurs et mes peines, mais encore mes désordres et mes plus honteuses faiblesses : je suis sûr qu'en me condamnant, vous ne pourrez pas vous empêcher de me plaindre ! ». Pour remonter aux sources de cette attitude narrative, nous illustrerons quelques épisodes et textes fondamentaux de l'histoire de l'autobiographie au XVIII° siècle, et de l'histoire de l'autobiographie spirituelle, à partir du texte fondateur, les Confessions de saint Augustin.

Florent Libral : Le pur amour et Manon Lescaut : des liaisons dangereuses entre le roman et le discours mystique ?

Le “pur amour” est un thème fondamental de la littérature mystique de la fin de l’Ancien Régime, chez des auteurs mystiques majeurs, de François de Sales à Fénelon notamment. Il peut se définir comme un amour de Dieu si absolu et dénué d’égoïsme qu’il rend celui qui l’éprouve indifférent à tout plaisir, à toute souffrance, et même, en définitive, à sa propre damnation. Une telle radicalité ne manqua pas de susciter les censures de Bossuet et la condamnation de Rome, s’agissant de la formulation que Fénelon et Mme Guyon en donnaient. Par-delà même l’épisode du crépuscule des mystiques et toute approche confessionnelle, la notion du “pur amour” sous diverses acceptions a passionné philosophes, psychologues, historiens et écrivains, jusqu’à Lacan et Jacques Le Brun.
Nous proposons d’éprouver si le paradigme du “pur amour” est pertinent quant à Manon Lescaut, dont l’auteur est notoirement un bon connaisseur des spiritualités du catholicisme postridentin en leur versant hétérodoxe. L’amour exaspéré que Des Grieux porte à Manon, au point d’endurer déchéance et déclassement, peut-il être considéré comme une version séculière du pur amour des mystiques ? Ou est-ce au contraire la mort de Manon qui permet à Des Grieux d’atteindre une suprême indifférence aux choses de ce monde ? Autant de questions qu’il sera possible de poser en relisant cette œuvre au prisme d’un concept phare de la spiritualité, et de sa possible réinterprétation romanesque par Prévost.

► 23 janvier 2025 - après-midi : 16h25- 18h25 salle LA 392 (bât ERASME)

Conférence de Sabrina Stroppa (en italien), Masters MEEF italien et autres publics : Occhi e sguardo nella poesia di Petrarca

Nella narrazione del giorno fatale dell’innamoramento (Rvf 3), Petrarca menziona gli occhi di Laura, che lo catturano e lo legano, e i suoi, attraverso i quali passano gli strali di Amore fino a colpire il cuore. Lungo tutto il Canzoniere si dispiega dunque una storia di occhi e sguardi, nella quale le fenestrae dell’amante si fanno ricettacolo di una “guerra” inesausta e gli sguardi della Donna, alternativamente velati o dardeggianti, sono l’oggetto della contemplazione o gli attori di una memorabile fascinazione.
Dans le récit du jour fatal où l’amour a pris son commencement (Rvf 3), Pétrarque mentionne les yeux de Laura, qui le capturent et le lient, et les siens, à travers lesquels passent les flèches du seigneur Amour jusqu’à ce qu’elles frappent le cœur. Tout au long du Canzoniere se déroule donc une histoire d’yeux et de regards, dans laquelle les fenestrae de l’amant deviennent le réceptacle d’une « guerre » sans fin et les regards de la femme, tour à tour voilés ou fuyants, sont l'objet d’une contemplation ou les acteurs d’une fascination inoubliable.

► 24 janvier 2025 : 10h-12h salle D155 (Maison de la Recherche)

Conférence de Sabrina Stroppa : La paix, le sommeil et l'abnégation: la perfection de l'âme dans les Poésies spirituelles de François Malaval (1671)

François Malaval, né le 17 décembre 1627 à Marseille et mort le 15 mai 1719 dans cette ville, est un théoricien de la mystique, dont certains ouvrages seront mis à l’Index dans le cadre de la controverse autour du quiétisme. Après avoir étudié chez les Oratoriens de Marseille, et avoir obtenu un doctorat en théologie à la Sorbonne, il publie, en 1670, un ouvrage intitulé Pratique facile pour élever l'âme à la contemplation, dont la première partie avait été rédigée dès 1664; la Pratique facile retient le nom de l’auteur seulement dans l’épître dédicatoire au cardinal Giovanni Bona, auteur, en 1664, d’une Via compendii ad Deum qu’on peut regarder comme un répertoire du nouveau discours mystique. En 1671 Malaval publie à Paris des Poésies spirituelles, en six livres (ou parties), dont on va montrer la cohérence, les thèmes et la relation avec sa théorie de la théologie mystique.

Sabrina Stroppa è professore ordinario di Letteratura italiana presso l'Università per Stranieri di Perugia dal 1° ottobre 2021, dopo essere stata ricercatrice e professore associato presso l'Università di Torino (dal 1999). Dirige il Dipartimento di Lingua, Letteratura e Arti Italiane nel Mondo dal febbraio 2022.
Ha insegnato materie letterarie, latino e greco nei licei, e didattica della letteratura nei percorsi di abilitazione all'insegnamento (dal 2001 al 2014).
La sua attività di ricerca ha come ambiti principali Petrarca, i commenti rinascimentali alle opere volgari petrarchesche, la letteratura spirituale del Seicento, Metastasio, la poesia contemporanea italiana. Codirige la Rivista internazionale «Petrarchesca». Fa parte del Comitato direttivo della rivista «inOpera. Esercizi di lettura su testi contemporanei», e della rivista «Configurazioni. Ricerche sulla poesia contemporanea». Fa parte del Comitato scientifico della rivista «Stilistica e metrica italiana».